samedi 10 août 2019

Chronique "La Servante écarlate" de Margaret Atwood



Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, " servante écarlate " parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.


Depuis que je me suis procurée ce roman, il me fait de l’œil dans mes bibliothèques même si je redoutais aussi sa lecture. Il a été fortement plébiscité, notamment grâce à son adaptation série, et j’avais peur de placer la barre trop haute. Malheureusement, c’est ce qui est arrivé et j’ai été plutôt déçue par cette lecture malgré de très bons points.

Dans cette histoire, nous suivons le personnage de Defred, une servante écarlate, c’est-à-dire une femme encore fertile dans un monde où la fertilité est en déclin et qui a pour unique mission de procréer sans pouvoir fonder de famille, entretenir de relations amoureuses ou même amicales. Même si Defred est une femme intéressante à suivre par son histoire, je n’ai pas réussi à m’attacher à elle. Elle est assez froide voire sans sentiments et elle a peu d’instinct de rébellion malgré le fait qu’elle ait déjà goûté à une vie dans laquelle elle était libre et maîtresse de ses choix (en grande partie). La république de Gilead dans laquelle elle vit l’a complètement lobotomisé pour qu’elle serve le régime sans sourciller et c’est assez effrayant.

L’intrigue est le deuxième point qui m’a ennuyé ici. Je m’attendais à un peu plus d’actions, de tensions ou de surprises. Malheureusement, je n’ai rien ressenti de cela et la fin m’a juste fait lever les yeux au ciel. On nous coupe l’herbe sous le pied au moment où tout devient intéressant et s’accélère. Habituellement, j’apprécie beaucoup les descriptions ainsi que les caractéristiques de l’univers égrenaient au fil des pages mais, dans ce roman, je n’ai pas trouvé les descriptions pertinentes et les informations sur le régime sont floues et rapides.

Cependant, le bon point de cette histoire consiste en l’univers. Tout d’abord, cette république est gouvernée par une secte religieuse dont on ne sait rien mais on ressent la présence constante de la religion, appliquée à la lettre par les habitants. C’est tout à fait révoltant aujourd’hui à travers nos yeux de lecteur.rice moderne. Qui dit société « religieuse », dit société patriarcale. Les femmes sont des esclaves sexuelles, les hommes des producteurs d’enfants, présentés comme incapables d’autre chose, telles des bêtes sauvages avides de sexe. Évidemment, ils ne sont pas autant à plaindre que les femmes qui n’ont plus de vie privée, sont cantonnées à demeurer dans leur maison et ne peuvent plus agir sans une autorisation du régime ou bien de leur mari/frère. Ce qui est d’autant plus difficile, c’est de savoir que cela existe encore de nos jours dans certains pays.

Enfin, l’écriture de l’autrice ainsi que la traduction m’ont laissé perplexe. D’un côté, j’ai apprécié son originalité avec une temporalité difficile à suivre mais intrigante. Mais d’un autre côté, la narration est étrange, décousue ; l’autrice n’annonce pas ses dialogues ni ses flashbacks. Tout s’enchaîne sans que l’on sache vraiment où on est et à quel moment.

Note : 2/5


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire