mercredi 14 août 2019

Chronique "La religieuse" de Denis Diderot




Un de ses amis, le marquis de Croismare, s'étant intéressé au sort d'une jeune femme qui demandait à sortir du couvent où elle avait été placée contre son gré, Diderot eut l'idée facétieuse, en 1760, de lui adresser des lettres prétendument écrites par la religieuse qui lui demandait secours. Le marquis tomba dans le piège, une correspondance s'ensuivit, et l'écrivain, pris à son propre jeu, finit par composer les mémoires que Suzanne Simonin était censée avoir écrits à l'attention de Croismare.


Dans ce roman, nous suivons le personnage de Suzanne, une jeune fille de seize ans, contrainte d’entrer dans un couvent par sa mère. Je me suis beaucoup attachée à Suzanne. Évidemment, elle subit de nombreuses situations peu enviables pendant tout le roman, ce qui nous fait ressentir de la pitié et de l’injustice. C’est une fille qui, dès le début de l’histoire, sait ce qu’elle souhaite dans la vie : retrouver sa liberté, sortir du couvent, construire sa vie en-dehors de l’influence de sa famille et des gérantes du couvent. Sa soif de liberté est communicative et Diderot nous dépeint un personnage qui évolue, courageux et déterminé. Même si sa naïveté ne l’aide pas, on ne peut qu’aimer la suivre. 

Quant à l’intrigue, je craignais les longueurs et un manque cruel de péripéties car il s’agit d’un classique. J’ai été très surprise d’être autant immergée dans l’histoire et de suivre avec empressement la vie de Suzanne. Diderot ne dépeint pas le couvent, les religieuses et la religion comme le souhaiterait son époque. On se situe au XVIIIe siècle, en plein cœur du siècle des Lumières où la religion est assimilée à l’obscurantisme. Diderot a voulu faire passer ce message et révéler la face cachée des couvents de jeunes femmes. Entre harcèlement physique et moral, Suzanne est une victime parmi tant d’autres, une femme qui ne désire pas dédier sa vie à Dieu malgré l’obligation et elle le fait comprendre. Certains passages font froid dans le dos par leur cruauté et finalement, on prend conscience jusqu’à quelle extrémité la religion et la crédulité peuvent amener. 

Enfin, c’est la première fois que je lis un roman de Denis Diderot et j’ai été agréablement surprise par son écriture. Fluide et prenante, elle demeure dans le style de l’époque malgré des adaptations de langage. Il y a de nombreux dialogues, instaurant un rythme et coupant par à coup les descriptions à rallonges, fondement des classiques de l’époque. 

Note : 4/5

mardi 13 août 2019

Chronique "Attachement" de Rainbow Rowell



1999. Lincoln, gentil geek aux faux airs d'Harrison Ford, travaille dans une entreprise où son rôle consiste à contrôler les e-mails des employés. C'est ainsi qu'il parcourt les échanges de Jennifer et de Beth, deux copines aussi drôles et imprévisibles qu'attachantes.
Sans même l'avoir vue, Lincoln va tomber amoureux de Beth. Mais comment lui déclarer sa flamme sans passer pour un fou ? Surtout que la jeune femme semble avoir un faible pour un « inconnu » qui travaille dans le même immeuble...


Après avoir eu un coup de cœur il y a plusieurs années pour Eleanor et Park de la même autrice, j’avais hâte de me plonger dans sa toute première romance. Malheureusement, je ne l’ai pas autant apprécié que sa romance young-adult. 

Dans ce roman, nous sommes en 1999 et nous suivons Lincoln, jeune informaticien qui s’ennuie dans son boulot. Il tombe amoureux d’une femme travaillant dans les mêmes bureaux que lui à travers ses mails. J’ai aimé suivre Lincoln mais je n’ai pas particulièrement aimé son personnage. Il m’a semblé terriblement ordinaire et assez fade en termes de sentiments. Il est très gentil mais a peu d’humour, détient une forte timidité et ne sait pas vraiment ce qu’il souhaite dans la vie. Quant à Beth et Jennifer, les deux protagonistes féminins, elles sont aussi assez clichées. Beth a la particularité d’avoir une grande connaissance du cinéma, ce qui est plutôt intéressant mais ça s’arrête là. 

Du côté de l’histoire, je l’ai trouvé bien trop longue. Le rythme est assez lent malgré des chapitres courts et je n’ai absolument pas été surprise par les retournements de situation. Quant à la fin, elle m’a semblé un peu rapide par rapport au reste du roman. J’en attendais tellement plus et je n’ai pas eu les montagnes russes émotionnelles auxquelles je m’attendais. J’ai eu plutôt l’impression de me retrouver face à un téléfilm M6 à l’eau de rose. 

Malgré tout, la plume de Rainbow Rowell se lit toujours aussi bien. C’est fluide, plutôt prenant et l’autrice arrive tout de même à nous emporter dans son histoire. Heureusement que son écriture est bonne sinon je pense que j’aurais eu beaucoup de mal à terminer son roman. 

Note : 3/5

lundi 12 août 2019

Bilan Juillet 2019

Salut tout le monde, je vous retrouve aujourd'hui pour vous faire mon bilan du mois de juillet en termes de lectures, séries & films ! J'ai été presque aussi productive qu'au mois de juin côté lecture et j'en suis ravie :) Bonne lecture ! 

J'ai eu l'occasion de lire 9 livres ce mois-ci comprenant 3 services-presse :) Au total, j'ai parcouru 3083 pages ! 

- Concours pour le Paradis de Clélia Renucci : 4/5
- Le dieu oiseau d'Aurélie Wellenstein : 3,5/5
- Strong Girls Forever (T2) Pourquoi ne pas craquer pour le mec parfait ? de Holly Bourne : 4,5/5
- Lady Helen (T3) L'Ombre des mauvais jours d'Alison Goodman : 4/5
- Une brève histoire du temps - Du big bang aux trous noirs de Stephen Hawking : 4/5
- La fille qui tressait les nuages de Céline Chevet : 4/5
- Signé Poète X d'Elizabeth Acevedo : 4,5/5
- Royaume de vent et de colères de Jean-Laurent del Socorro : 5/5
- Culottées (T2) de Pénélope Bagieu : 5/5





J'ai regardé uniquement 2 séries ce mois-ci mais ce sont des séries que j'attendais avec grande impatience :) J'ai donc visionné 16 épisodes en juillet !

- Queer Eye : Saison 4 Épisode 1 à 8 > saison terminée !
- Stranger Things : Saison 3 Épisode 1 à 8 > saison terminée ! 



Pareil côté films, j'ai vu des films intéressants et des moins bons dont 2 au cinéma :) 

- Mr Holmes : 2,5/5
- Men in Black International : 3/5
- Demain : 4/5
- Spiderman : Far from Home : 4,5/5



Voilà tout le monde, ce bilan est terminé :) J'espère qu'il vous aura plu et vous souhaite un bon mois d'août déjà bien entamé ^^ À bientôt ! 

samedi 10 août 2019

Chronique "La Servante écarlate" de Margaret Atwood



Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, " servante écarlate " parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.


Depuis que je me suis procurée ce roman, il me fait de l’œil dans mes bibliothèques même si je redoutais aussi sa lecture. Il a été fortement plébiscité, notamment grâce à son adaptation série, et j’avais peur de placer la barre trop haute. Malheureusement, c’est ce qui est arrivé et j’ai été plutôt déçue par cette lecture malgré de très bons points.

Dans cette histoire, nous suivons le personnage de Defred, une servante écarlate, c’est-à-dire une femme encore fertile dans un monde où la fertilité est en déclin et qui a pour unique mission de procréer sans pouvoir fonder de famille, entretenir de relations amoureuses ou même amicales. Même si Defred est une femme intéressante à suivre par son histoire, je n’ai pas réussi à m’attacher à elle. Elle est assez froide voire sans sentiments et elle a peu d’instinct de rébellion malgré le fait qu’elle ait déjà goûté à une vie dans laquelle elle était libre et maîtresse de ses choix (en grande partie). La république de Gilead dans laquelle elle vit l’a complètement lobotomisé pour qu’elle serve le régime sans sourciller et c’est assez effrayant.

L’intrigue est le deuxième point qui m’a ennuyé ici. Je m’attendais à un peu plus d’actions, de tensions ou de surprises. Malheureusement, je n’ai rien ressenti de cela et la fin m’a juste fait lever les yeux au ciel. On nous coupe l’herbe sous le pied au moment où tout devient intéressant et s’accélère. Habituellement, j’apprécie beaucoup les descriptions ainsi que les caractéristiques de l’univers égrenaient au fil des pages mais, dans ce roman, je n’ai pas trouvé les descriptions pertinentes et les informations sur le régime sont floues et rapides.

Cependant, le bon point de cette histoire consiste en l’univers. Tout d’abord, cette république est gouvernée par une secte religieuse dont on ne sait rien mais on ressent la présence constante de la religion, appliquée à la lettre par les habitants. C’est tout à fait révoltant aujourd’hui à travers nos yeux de lecteur.rice moderne. Qui dit société « religieuse », dit société patriarcale. Les femmes sont des esclaves sexuelles, les hommes des producteurs d’enfants, présentés comme incapables d’autre chose, telles des bêtes sauvages avides de sexe. Évidemment, ils ne sont pas autant à plaindre que les femmes qui n’ont plus de vie privée, sont cantonnées à demeurer dans leur maison et ne peuvent plus agir sans une autorisation du régime ou bien de leur mari/frère. Ce qui est d’autant plus difficile, c’est de savoir que cela existe encore de nos jours dans certains pays.

Enfin, l’écriture de l’autrice ainsi que la traduction m’ont laissé perplexe. D’un côté, j’ai apprécié son originalité avec une temporalité difficile à suivre mais intrigante. Mais d’un autre côté, la narration est étrange, décousue ; l’autrice n’annonce pas ses dialogues ni ses flashbacks. Tout s’enchaîne sans que l’on sache vraiment où on est et à quel moment.

Note : 2/5


vendredi 9 août 2019

Chronique "Royaume de vent et de colères" de Jean-Laurent del Socorro




En 1596, deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. A La Roue de Fortune se croisent des passés que l'on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s'essaie à un métier sans arme. Les pions sont en place. Les troupes royales arrivent devant la ville. Le mistral se lève. La pièce peut commencer.


J’étais très excitée à l’idée de découvrir ce roman historico-fantasy dont j’avais beaucoup entendu parler à sa sortie. De plus, l’édition collector d’ActuSF est absolument sublime ! 

Dans ce roman, nous suivons toute une galerie de personnages, tantôt clichés, tantôt originaux auxquelles on s’attache très rapidement. Ils se prénomment Victoire, Axelle, Gabriel, Silas, Armand et bien d’autres personnages secondaires à découvrir. La particularité de ce roman est que l’auteur a décidé de se concentrer plus sur les personnages que sur l’univers, ce qui est pour le moins étonnant dans un roman de fantasy. On apprend à les découvrir, à connaître leurs convictions, leurs choix de vie, leurs rêves. Ils font tous partie de générations différentes, détiennent des caractères divergents mais ont en commun la témérité et le courage. Chevalier ou mercenaire, l’auteur nous présente un panel de profils intéressants et attachants. J’ai eu un petit coup de cœur pour les personnages de Victoire et d’Axelle, deux femmes mercenaires qui ont réussi à se faire une place dans un monde exclusivement masculin car sanguinolent et sans pitié. Enfin, des femmes qui se font respecter par leur force et leur intelligence combinée sans avoir 16 ans et peu d’expérience. Elles sortent des clichés que l’on peut lire souvent dans les romans, surtout young-adult et, cela me fait plaisir de voir enfin un auteur qui ne sexualise pas ses personnages féminins. 

Comme dit précédemment, l’auteur s’est concentré essentiellement sur ses personnages. L’univers n’est pas bâclé pour autant. On ressent énormément de travail de recherche sur les guerres de religion, le fond historique etc. Découvrir Marseille prise aux mains du roi est assez impressionnant. Quant à la partie fantasy, elle est peu développée et j’aurai aimé en savoir plus. Cependant, cela ne m’a pas empêché d’apprécier ma lecture ! 

Du côté de l’intrigue, j’ai été totalement happée par le rythme de l’histoire. Jean-Laurent del Socorro a décidé de mettre en scène son intrigue autour d’un lieu principal et en moins de 24 heures. Les chapitres courts et les rapides changements de points de vue nous permettent de dévorer le roman sans jamais nous ennuyer. L’histoire est composée de trois actes et l’auteur développe tous les pans de l’histoire de ses personnages : leur passé, leur présent et une idée de leur futur. 

Enfin, la plume de l’auteur est fluide, travaillée et immersive. J’ai savouré son écriture tout le long de ma lecture et en tournant les dernières pages, je me suis dit qu’il fallait absolument que je suive cet auteur de plus près et que je me procure Boudicca qui est son second roman ! 

Note : 5/5