mercredi 11 septembre 2019

Chronique "Comment le dire à la nuit" de Vincent Tassy #PLIB2019



#ISBN9782375680897

La dame en noir vivait seule dans son château. Elle ne pouvait pas mourir. De tout ce temps qu'elle avait, elle ne faisait rien. Et puis un jour, elle trouva sur son chemin le garçon aux cheveux blancs. Elle l'enleva. Elle voulait vivre une histoire. Une histoire d'amour et de nuit qui traverserait les siècles.


J’entame aujourd’hui ma dernière chronique pour le PLIB 2019 en vous présentant mon avis sur Comment le dire à la nuit de Vincent Tassy. Malheureusement, ce roman n’a pas été un coup de cœur ni une excellente lecture mais il m’a permis de découvrir enfin le talent de Vincent Tassy pour l’écriture. 

Dans cette histoire, nous suivons de multiples personnages sans lien apparent entre eux, en tout cas au début. Je les ai tous, sans exception, trouvé étranges et perchés, ce qui ne m’a pas permis de m’attacher à eux. Le seul protagoniste qui m’a touché est Egmont, un jeune aristocrate obligé de se marier à une femme qu’il connaît à peine alors qu’il vit le parfait amour avec un homme. J’ai réussi à partager sa peine et son effroi au fur et à mesure de ma lecture. Chaque personnage détient un passé flou et mystérieux mais je n’ai pas vraiment pu ressentir d’émotions face à leur sort. 

Du côté de l’intrigue, elle m’a paru extrêmement longue. Il est indéniable que l’alternance des points de vue des personnages est intéressante et apporte un minimum de rythme mais ça s’arrête là. L’auteur nous laisse constamment dans le flou jusqu’à la fin, ce qui rend la lecture épuisante. On a l’impression de se déplacer dans un brouillard épais et on ne distingue pas la sortie. L’action est, quant à elle, rare et le manque d’explication ne m’a pas permis de comprendre le dénouement dans son entièreté. 

Tout comme l’intrigue, l’univers m’a paru flou et peu développé alors que les idées paraissaient originales et bonnes. J’ai beaucoup apprécié l’insertion d’éléments historiques ainsi que la chronologie du roman. Quant aux créatures présentées ici, elles sont loin d’être mes préférées et je m’attendais à un peu plus d’originalité au niveau de leur mythologie. 

Enfin, je reconnais le talent de Vincent Tassy pour narrer des histoires mais malheureusement, je n’ai pas accroché à sa plume. À vouloir faire trop artistique et lyrique, j’ai perdu le rythme et le sens de l’histoire. L’écriture m’a paru par moment « too much » et m’a rendu confuse à de nombreuses reprises à cause de divagations et d’introspections des personnages. 

Note : 3/5

Chronique "Rouille" de Floriane Soulas #PLIB2019



#ISBN9782367406060


Dans un Paris alternatif du XIXe, alors que l'Homme a conquis la lune, une femme sans mémoire se démène pour trouver son identité

Paris, 1897. 
De nouveaux matériaux découverts sur la Lune ont permis des avancées scientifiques extraordinaires. Mais tout le monde n'en profite pas ! En dehors du Dôme qui protège le centre urbain riche et sophistiqué, le petit peuple survit tant bien que mal. C'est dans une maison close sur l'un de ces faubourgs malfamés qu'a échoué Violante, prostituée sans mémoire. Alors qu'elle se démène pour trouver son identité dans un monde dominé par les hommes et les puissants, sa meilleure amie disparaît dans d'atroces circonstances. 
Contre la raison, la jeune femme décide de prendre part aux investigations...



Dans ce roman, on suit Violante, une jeune prostituée qui a perdu la mémoire. J’ai bien aimé suivre les péripéties auxquelles était confronté Violante mais je n’ai pas particulièrement accroché à sa personnalité. Je l’ai trouvé un peu simple et lisse, j’aurai aimé une héroïne badasse ou forte et finalement, elle se fait rejeter au second plan dans à peu près tous les véritables moments d’action. 

Concernant l’intrigue, j’ai passé un bon moment grâce à un certain rythme. L’autrice a inséré pas mal d’action dans son histoire. Cependant, il manque selon moi beaucoup de surprises. J’ai trouvé les quelques retournements de situation prévisibles et peu originaux. L’histoire demeure intéressante mais ennuyante par moment car elle est trop prévisible. Du côté de l’univers, les idées sont bonnes et originales mais elles manquent de développement. Cela reste en surface et j’aurai aimé en savoir plus et découvrir un peu plus la haute société vu qu’on passe majoritairement du temps dans les bas fonds de Paris. 

Enfin, l’écriture de l’autrice est travaillée, prenante et fluide. Cela m’a permis d’avancer rapidement dans le roman et m’a donné envie de me plonger dans le prochain livre de l’autrice. 

Note : 4/5

Chronique "Terre de Brume (T1) Le sanctuaire des dieux" de Cindy Van Wilder #PLIB2019




#ISBN9782700259230

Dans un univers envahi par la brume, deux jeunes femmes unissent leur magie pour sauver le monde de la destruction. Depuis l'enfance, Héra vit dans le sanctuaire des Prêtres de l'Eau, où elle apprend à maîtriser sa magie pour devenir guerrière. Au cours d'une mission, elle rencontre Intissor, une sœur de Feu venue avertir les habitants d'un terrible danger. Mais il est déjà trop tard : une vague de brume, peuplée de créatures ni mortes ni vivantes, frappe le sanctuaire. Et elle frappera encore.



On découvre deux jeunes femmes courageuses et badass qui ne renoncent à rien pour atteindre leur but et que j’ai, par la même occasion, aimé suivre. Leur relation évolue rapidement au fil du roman, installant une ambiguïté entre respect, amitié et amour. Je suis intriguée de voir quelle évolution l’autrice instaurera entre les deux femmes, apportant peut-être de l’originalité à ce roman YA. Quant aux personnages secondaires, ils ne m’ont pas particulièrement intrigué. 

Du côté de l’intrigue, Cindy Van Wilder instaure un rythme assez prenant avec de l’action et des rebondissements. Cependant, j’ai trouvé le schéma utilisé assez classique et peu surprenant concernant les retournements de situation. Je m’attendais à la fin et ce premier tome m’a semblé bien trop court. 

De plus, les fondements de l’univers sont très intéressants et originaux mais j’en attendais tellement plus. Il m’a sérieusement manqué de développement pour être immergée au maximum dans ce monde recouvert de brumes et rempli de croyances, de magie et de dieux/déesses. J’espère assister à une explosion de mythologie dans le second et dernier tome. 

Enfin, j’ai beaucoup apprécié retrouver la plume de Cindy Van Wilder. Découverte dans Memorex et Les Outrepasseurs, je suis toujours emportée par son écriture travaillée et fluide. Je vous recommande ces romans et j’espère vraiment que le dernier tome de cette duologie remontera mon avis global sur la saga. 

Note : 3,5/5

Chronique "Le dieu oiseau" d'Aurélie Wellenstein #PLIB2019



#ISBN9782367405827

Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du " banquet " : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Enfin, la nouvelle compétition est sur le point de commencer. L'occasion pour Faolan de prendre sa revanche. Sa vengeance aura-t-elle le goût du sang ?


Je ne pense que je me serai plongée dans ce roman s’il n’avait pas été sélectionné pour le Prix Littéraire de l’Imaginaire Booktube (PLIB). Dépeint comme violent et dur psychologiquement, il sort totalement de ma zone de prédilection. Finalement, j’ai plutôt bien apprécié ma lecture même si elle est loin d’être parfaite. 

On suit le personnage de Faolan, un jeune homme réduit en esclavage depuis dix ans par le fils de l’assassin de sa famille. Devenu insensible suite à des maltraitances à répétition (viols, os cassés, lynchages etc.), son unique but est de remporter l’œuf d’or qui lui permettra de sortir de son état d’esclave. J’ai aimé suivre son personnage, torturé et perdu, mais je ne me suis pas attachée à lui à cause de son évolution. Ce n’est pas un garçon intelligent et raisonné. Sa seule pensée s’articule autour de la vengeance et le rend fou au fil du livre. Même si l’autrice a très bien développé ce personnage psychologiquement, j’aurai aimé comprendre certains de ses gestes ou de ses paroles. 

L’intrigue est, quant à elle, en dents de scie. Parfois rythmée et mouvementée, elle retombe facilement dans le plat et la longueur. L’histoire demeure tout de même prenante puisque l’on veut absolument savoir ce qui arrive à Faolan, son maître Torok et comment va s’articuler la quête dont rêve notre protagoniste. 

Concernant l’univers, j’ai beaucoup apprécié ses bases, sa mythologie mais il m’a manqué de développement. Je souhaitais vraiment en savoir plus, découvrir l’histoire de l’île où vit Faolan et de l’île de la quête. L’un des bons points est d’avoir eu la sensation de me retrouver dans Hunger Games par moments. Mais, selon moi, la fin est l’un des points faibles de l’histoire. L’autrice demeure floue sur l’avenir de Faolan et de l’île, les conséquences de ses choix etc. J’aurai apprécié plus d’explications sur le choix final de Faolan par la même occasion. 

Enfin, la plume de l’autrice est fluide et prenante, nous permettant de nous immerger dans l’histoire avec facilité. Cependant, je dois souligner quelques incohérences et des longueurs au fil de ma lecture. 

Note : 3,5/5

Chronique "La fille qui tressait les nuages" de Céline Chevet #PLIB2019



#ISBN9782375680797

Saitama-ken, Japon. Entre les longs doigts blancs de Haru, les pelotes du temps s'enroulent comme des chats endormis. Elle tresse les nuages en forme de drame, d'amour passionnel, de secrets. Sous le nébuleux spectacle, Julian pleure encore la soeur de Souichiro Sakai, son meilleur ami. Son esprit et son coeur encore amoureux nient cette mort mystérieuse. Influencée par son amie Haru, Julian part en quête des souvenirs que sa mémoire a occultés. Il est alors loin de se douter du terrible passé que cache la famille Sakai… Fable surréaliste, la Fille qui tressait les nuages narre les destins entrecroisés d'un amour perdu, une famille maudite et les tragédies d'une adolescence toujours plus brève.


Dans ce roman, nous suivons Julian, un adolescent japonais, toujours en deuil après la mort de son amour d’enfance, la petite-sœur de son meilleur ami. Julian n’est pas un personnage que j’ai particulièrement apprécié. Il a un mauvais caractère, se trouve constamment des excuses face à ses erreurs ou les rejette contre les autres. J’avais envie de le secouer par moments. Malgré sa personnalité, on découvre au fil des pages qu’il a vécu des évènements traumatisants qui peuvent expliquer une partie de son comportement. 

Concernant les personnages secondaires, l’autrice ne les a pas négligés et cela nous permet de suivre d’autres points de vue sur l’histoire et le personnage de Julian. Je ne m’y suis pas non plus attachée même si leurs personnalités et comportements m’ont beaucoup intrigué tout le long de ma lecture. 

Entre malédiction et mythologie japonaise, l’autrice nous plonge au cœur d’une histoire de famille angoissante, prenante et mystérieuse. J’ai aimé découvrir l’aspect japonais de l’histoire, le vocabulaire, leurs habitudes etc. Je pense que c’est l’une des premières fois que je lis un roman se déroulant au Japon et cela m’a donné envie de m’y intéresser d’un peu plus près. Quant à l’intrigue, elle est intéressante et plaisante à suivre. Cependant, il m’a manqué des révélations et de la surprise. J’ai pu anticiper les nombreux retournements de situation excepté un à la fin mais c’était trop peu pour moi. Pourtant, l’histoire a beaucoup de potentiel et c’est pour cela que je ne regrette de l’avoir découverte. 

Enfin, l’écriture de Céline Chevet est un plaisir pour tout.e amoureux.se de la lecture. Poétique, lyrique, apaisante tout en instaurant de la tension et du mystère, j’ai dévoré ce roman grâce à sa plume. Je suis avec attention la prochaine parution de l’autrice et vous recommande grandement ce roman. 

Note : 4/5

dimanche 8 septembre 2019

Chronique "Signé Poète X" d'Elizabeth Acevedo



Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n'est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l'apaise, c'est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu'elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes. 
Jusqu'au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L'occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix. 


Quand j’ai reçu ce roman dans ma boîte aux lettres, j’en avais déjà entendu parler sur le booktube anglophone sans jamais réellement m’y intéresser. Publié par Nathan pour la rentrée littéraire, je me suis dis que c’était le moment de sortir de ma zone de confort en lisant un roman écrit uniquement en vers. J’ai adoré cette nouvelle expérience littéraire ! 

Dans cette histoire, nous suivons Xiomara, une adolescente de 15 ans vivant à Harlem et aux origines dominicaines. Entre un père effacé et une mère extrêmement religieuse, Xiomara et son frère jumeau cherchent tous les deux à se construire et à se faire une place dans ce monde. J’ai aimé suivre Xiomara, une jeune fille au fort caractère, talentueuse, qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Sa rébellion face à sa famille, la société, les conventions est inspirant et courageux. 

Je ne m’attendais pas à découvrir autant de thèmes traités dans ce roman surtout sous cette forme. L’autrice a décidé de parler de la religion, de la place de la femme dans une société où on la réprime et n’a pas la parole, du slam et de l’univers auquel il appartient, de la sexualité et de l’apprentissage de la vie pour trouver sa voie. Traiter la religion est assez rare dans des romans young-adult, un thème qu’on laisse souvent immaculé sous prétexte qu’il est sacré. Avec respect et recul, l’autrice arrive à en montrer les dérives du quotidien et comment elle affecte les gens, d’une bonne et d’une mauvaise manière. C’était extrêmement touchant et rageant à la fois, on a envie d’aider Xiomara tout en restant seulement spectateur.trice de sa vie. 

Enfin, la plume d’Elizabeth Acevedo mêlée à celle de Clémentine Beauvais donne un résultat pour le moins prenant. J’ai été emportée dans l’histoire de Xiomara à travers ses vers, son écriture, ses pensées. Fluide et addictif, j’ai dévoré ce roman en quelques heures. Je vous recommande énormément cette histoire originale, touchante et pleine d’espoir. 

Note : 4,5/5